Entre la mise à disposition d’un logiciel en open source et un utilisateur qui s’en sert, il y a plusieurs intermédiaires.

A) Les prestataires ayant une offre d’hébergement d’espaces pour des organisations

Chaque prestataire peut héberger plusieurs organisations avec pour chacune:

  • des Conditions Générales de Vente,
  • un tarif,
  • un processus de paiement, etc.

Le prestataire n’a pas pour clients des personnes individuelles mais des organisations ayant des membres qui seront utilisateurs du service. Le terme organisation est volontairement flou mais désigne une entité juridiquement identifiable vis à vis des lois de son pays:

  • à la limite une personne physique peut représenter une bande d’amis, mais la personne est bien une entité réelle, ayant la capacité à contracter.

Comme dans tout contrat, les deux parties ont un accord: en particulier le prestataire ne peut pas arguer qu’il ne connaissait pas son client et réciproquement.

Dans le cas d’une organisation s’auto-hébergeant, étant son propre prestataire, l’aspect contractuel est une évidence.

B) Les organisations ayant contracté avec le prestataire de leur choix

Une telle organisation l’a fait pour ses membres, au sens large. Son Comptable est le premier compte et c’est lui qui propose les premiers sponsorings des premiers comptes:

  • son prestataire n’est pas responsable des comptes qui s’inscrivent, il n’a aucun moyen de contrôle ni de rétorsion individuels sur les comptes.
  • le prestataire ne peut que globalement mettre fin à sa prestation pour l’organisation sur non respect des CGV (dont les paiements …) et bien entendu sur décision judiciaire dont il dépend.

C) Les comptes d’une organisation

L’organisation a certains moyens de contrôles sur les comptes “O” en leur imposant des quotas et restrictions.

Elle n’a aucun moyen de pression sur les comptes “A”. Étant incapable de relier un compte et un paiement, le Comptable ne peut même pas mettre volontairement en solde négatif un compte A (ce qui le bloquerait): tout au plus le Comptable peut ne plus enregistrer aucun paiement, ce qui in fine conduirait tous les comptes “A” à s’auto-détruire.

Une organisation n’a aucune possibilité technique de modération des contenus: ce sont les comptes qui décident à qui leurs groupes sont ouverts ou non, avec qui ils chattent ou non.

Une injonction judiciaire ne peut être applicable que vis à vis de l’ensemble de l’organisation, mais pas vis à vis de comptes désignés. Et d’ailleurs désignés comment ? par leur identifiant non signifiant ? Un Comptable n’a aucun moyen de relier un identifiant de compte à une carte de visite d’un compte qui ne le souhaite pas. De plus le texte porté sur cette carte de visite est n’importe quoi, un pseudo invérifiable.

Contrôle éthique et modération dans une organisation

Les prestataires et leurs organisations clientes n’ont pas en soi d’obligations éthiques: entre eux, seulement le respect de la loi du pays dont ils dépendent. Si une organisation est mafieuse, ceci doit être clairement établi, comme l’interdiction de contracter avec elle. Ce n’est pas en soi une question d’éthique: mais rien n’empêche les CGV d’exprimer que si l’activité de l’organisation se révélait être de telle ou telle nature, les obligations de services seraient caduques.

Le sujet de l’éthique et de la modération éventuelle est un sujet interne à l’organisation.

Si une organisation veut disposer d’un contrôle éthique sur les notes partagées dans les groupes de ses membres, il faut a minima qu’elle interdise les comptes autonomes: elle pourra faire usage du blocage des comptes “O”.

Peuvent-elles et doivent-elles exercer un contrôle éthique et si oui comment ?

Les sujets conjoints de l’éthique et de la modération d’un compte C portent sur les contenus qu’il produit:

  • textes des chats avec d’autres comptes.
  • textes des échanges sur les chats de groupes dont il est membre actif.
  • textes des notes de groupes et des fichiers attachés dont C est le dernier auteur.

Les textes de ses notes personnelles (et leurs fichiers) étant complètement cachés à tout autre que le compte, nul ne peut en attaquer l’éthique de leur contenu.

Les textes sont privés, pas publics

Ce ne sont pas des textes accessibles en librairie, imprimés dans un journal disponible en kiosque ou lisible sur Internet: ils n’ont PAS d’URL et ne sont accessibles qu’à travers l’application aux comptes dûment invités à les lire.

Si un compte B s’offusque des textes du chat qu’il a avec C, il lui suffit de déclarer ce chat indésirable: il ne compte plus dans son quota de documents et il est filtré (sauf demande expresse inverse) donc invisible au jour le jour. Que C se fatigue en vain en écrivant des textes que personne ne lira, et dont il sait que personne ne les lira, relève peut-être d’un désordre mental mais ne cause aucun préjudice.

Textes partagés dans un groupe

Un groupe est privé:

  • son effectif est limité, une centaine de membres pour les gros groupes, pas des milliers.
  • tous les membres ont été cooptés, tous les membres ont accepté d’y être.

Préjudice personnel

Un membre mécontent de ce qui se dit dans le groupe peut s’auto-résilier avec inscription en liste noire.

Préjudice au groupe

Les membres du groupe peuvent juger qu’un trublion devrait en être exclu et que le partage dans le groupe serait plus harmonieux sans lui.

  • si le trublion n’est pas animateur, un animateur peut, lui retirer son droit d’accès aux membres (donc au chat du groupe), son droit de lecture ou lecture-écriture de notes, voire purement et simplement le résilier avec inscription en liste noire du groupe.
  • si le trublion est animateur c’est plus compliqué mais faisable:
    • création d’un autre groupe,
    • duplication des notes et fichiers du groupe origine dans le nouveau,
    • invitation des anciens membres sauf le trublion,
    • auto-retrait de l’ancien groupe ou le trublion sera seul membre (et obligé de supporter l’hébergement d’un groupe que personne ne rejoint).

Préjudice à l’organisation

Si le compte trublion commet des textes dans des groupes contraire aux règles éthiques de l’organisation, ce peut être un problème qu’il n’est pas forcément facile de résoudre.

Corréler un compte et ses textes dans un groupe n’est en général pas possible. Certes le sponsor du compte devrait plus ou moins connaître le titulaire qu’il a sponsorisé mais ce dernier a pu créer des avatars secondaires connus de lui seul.

Si le trublion est un compte “A” qui paye son abonnement et sa consommation il ne peut pas être bloqué par l’organisation.

  • ce n’est donc pas un préjudice financier.
  • c’est un préjudice de renommée: les autres comptes n’ont pas envie d’être convié ou de tomber par hasard sur un compte opposé aux valeurs de l’organisation (un complotiste dans une organisation écolo ou un écolo dans une organisation complotiste).

Il ne reste aux membres de l’organisation que la seule latitude d’informer sur les autres groupes de l’existence d’un compte à éviter. Ce n’est d’ailleurs pas simple, cer ce dernier peut multiplier ses avatars; voire se créer d’autres comptes “A”.

Si le trublion est un compte “O”

  • il existe a priori un délégué de sa partition n’ayant pas disparu.
  • son compte peut être restreint à un accès minimal, ce qui causera à terme sa résiliation automatique.

Modération des contenus sur un groupe

Si le trublion est un animateur c’est difficile. Sinon, ses échanges sur le chat peuvent être supprimés par un animateur et ses textes litigieux modifiés ou supprimés.

Protection des libertés individuelles

Pour certaines organisations, la liberté d’expression dans un espace privé est plus importante qu’un contrôle éthique: dans ce cas elle fonctionnera avec des comptes “A” qui ne peuvent pas être bloqués. Les autres comptes savent d’emblée que dans cette organisation ils peuvent être invités dans des groupes heurtant leur sensibilité et qu’il n’y a rien qui puisse l’empêcher.

La liberté de chacun est encadrée par la loi dans son expression publique, pas dans les pensées / écrits / conversations privées. C’est leur publication, accès au public, qui est restreinte, pas l’écriture chez soi sur un carnet qui n’est lisible par personne d’autre.

Les notes partagées dans un groupe ne sont pas publiques:

  • elles ne sont partagées qu’avec une liste fermée (et réduite) d’avatars ayant explicitement demandé à faire partie du groupe,
  • la liste de diffusion implicite qu’est le groupe est connue de tous les participants au groupe, sans destinataires cachés, chacun disposant du droit de s’en exclure à tout instant.
  • il y a une zone grise: un groupe privé de 5000 membres n’est peut-être pas si privé que cela, mais le logiciel limite ce nombre 100. Même si cette donnée de configuration peut être changée, elle n’est pas très élevée et l’application ne serait d’ailleurs pas fonctionnelle avec des groupes en milliers de membres.

L’application est agnostique vis à vis des contenus des notes

Pas de vote, d’avis …

Les notes peuvent être n’importe quoi, en bien ou en mal … et selon ce que chacun considère comme bien ou mal: c’est une application qui reste du niveau de la communication / mémorisation personnelle et de groupe privé, comme celle que peut avoir dans un cercle restreint d’invités discutant librement entre eux dans un domicile privé.

Ce n’est pas une application libertaire: être libertaire supposerait un accès et un affichage public sans règles.